Texte de la découverte de Paris
Juste après sa mésaventure avec le faux archimandrite quêtant pour le rétablissement du Saint-Sépulcre, qui est en fait un escroc, Rousseau part pour Paris. Rousseau s'attendait à autre chose. C'est le choc du réel qui le conduit à s'interroger sur lui-même.
I - Le rôle de l'imaginaire dans le texte :
1) Il a en tête Turin en allant à Paris. Il ne voit de Turin qu'un décor : Turin est ordonnée grâce à "la symétrie et l'alignement des maisons" et elle est belle : "beauté des rues". C'est comme une ville de perfection , elle est donc irréelle. On peut donc penser à un décor de cinéma ou de théâtre ( "décoration extérieure", "spectacles"). Il applique ce décor à Paris en le surenchérissant, en effet il utilise de nombreuses hyperboles (soulignées) pour décrire le Paris imaginaire, il nous dit que "je m'étais figuré une ville aussi belle que grande, de l'aspect le plus imposant, où l'on ne voyait que de superbes rues, des palais de marbre et d'or.
2) Dans la suite du texte, il réfléchit sur le rôle de l'imaginaire. C'est ce qu'on lui dit des choses qui nourrit son imaginaire et qu'ils exagèrent beaucoup trop : " Tel est le fruit d'une imagination trop active, qui exagère par-dessus l'exagération des hommes, et voit toujours plus que ce qu'on lui dit", "On m'avait tant vanté Paris [...] ; et la même chose m'arrivera toujours en voyant des spectacles trop annoncés.
II - Le choc du réel :
1) La première phrase montre bien le choc du réel par l'exclamative et le verbe démentir : "Combien l'abord de Paris démentit l'idée que j'en avais !". Il le montre aussi grâce au vocabulaire qui déprécie le faubourg Saint-Marceau : le champ lexical de la saleté : "petites rues sales et puantes", "vilaines maisons noires", "air de la malpropreté", "petites rues" contraste avec "superbes rues", les maisons sont vilaines donc elles n'ont pas beaucoup de valeur, nette opposition avec "les palais de marbre et d'or", il utilise aussi le champ lexical de la pauvreté : "mendiants", "charretiers", "ravaudeuses" (= femmes qui raccommodent les vêtements), "crieuses de tisanes et de vieux chapeaux", tous ces personnages qu'ils évoquent marquent le désordre qui règne : des gens n'ont pas de travail et d'autres ont des petits métiers, il nous donne l'image d'un monde grouillant, le sens auditif intervient par les crieuses, qui sont assez désagréables au bruit. Rousseau avait également développé les sens visuel et olfactif : "puantes", "air de la malpropreté", "je ne vis que" (qui marque aussi l'intensité du choc, son champ de vision s'y est restreint). Cette vue l'a retournée : "tout cela me frappa ... à tel point que ... n'a pu détruire cette première impression".
2) En conséquence, Rousseau décide d'en vivre éloigné : "je puis dire que tout le temps que j'y ai vécu dans la suite ne fut employé qu'à y chercher des ressources pour me mettre en état d'en vivre éloigné". Ce choc provoque ou révèle un "secret dégoût", Turin avait aussi été une mauvaise expérience pour lui : aversion de la ville et de la corruption. Mais en même temps, Rousseau reconnaît une magnificence réelle : "à l'Opéra" et "à Versailles", il serait donc plutôt dégoûté par la société parisienne.
III - L'interrogation sur lui-même
1) C'est une révélation sur lui-même. Rousseau est au centre, en effet, il ne rencontre personne et il ne décrit pas beaucoup Paris par rapport à ses réactions. Son "imagination [est] trop active" et "voit toujours plus que ce qu'on lui dit". En même temps, ceci explique sa déception. Rousseau doit être extrêmement sensible. On a des marques de généralisation : passage narratif au passé -> réflexion au futur, on s'éloigne dans le temps.
2) Le texte se termine par une phrase qui permet de mettre en valeur Rousseau par rapport aux autres hommes et à la nature. On peut rapprocher cette phrase avec l'incipit où il dit par exemple qu'il forme une entreprise qui n'eût jamais d'exemple. Rousseau nous montre qu'il est un homme unique.