Biographie de Diderot

Denis Diderot, écrivain et philosophe français naquit à Langres en 1713. Il est issu de la bourgeoisie aisée, il étudia la philosophie, la théologie, puis le droit à Paris ; menant dès lors une existence de bohème (il fut, entre autres métiers, précepteur), il contracta une union mal assortie ; curieux de toutes les formes de la connaissance, il consacra désormais son activité à la constitution de l’Encyclopédie, tâche énorme qu’il dirigea de 1747 à 1766. Seul un voyage en Russie en 1773, auprès de Catherine II, interrompit cette vie d’un labeur ardent, consacré dans tous les domaines à "éveiller l’esprit " (Goethe).

Les œuvres multiples et diverses de Diderot témoignent de l’évolution de sa pensée philosophique. Ainsi, déiste dans Les pensées philosophiques publiées en 1746 et dans Les Bijoux indiscrets (anonymes, 1748) qui, sous une affabulation licencieuse, expose ses idées sur la morale et l’art, il adopte un matérialisme athée dès l’importante Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient qu’il a écrit en 1749, œuvre qui entraîna son emprisonnement à Vincennes, pour quelques mois. S’intéressant aux sciences expérimentales (il a écrit De l’interprétation de la nature en 1753.), Diderot s’oppose au matérialisme mécaniste (Réfutation de l’homme d’Helvétius, 1753) et nuance sa position philosophique dans différents ouvrages dont Le Rêve de d’Alembert (écrit en 1769) et le Supplément au voyage de Bougainville publié en 1796 qui énonce les principes d’une morale de la nature. Persuadé que l’homme éprouve du plaisir à être bon (bonheur et vertu sont liés) et prônant, contrairement à Rousseau, une morale sociale où le bonheur individuel et le bien général coïncident, il illustre ses thèses dans Le Fils naturel écrit en 1757, Le Père de famille écrit l’année suivante et Est-il bon ? Est-il méchant ? écrit en 1781, "comédies sérieuses ou drames bourgeois " qui manifestent son ambition d’être le théoricien d’un théâtre inséré dans la réalité de son temps et utilisant les ressorts du pathétique et de la sensibilité, en une prose "naturelle ". Cette émotion vertueuse, l’art aussi doit l’éveillé dans les cœurs ; passionné par les questions d’esthétique, Diderot dans l’Encyclopédie et dans les Salons (1759 à 1781, comptes rendus critiques qui parurent dans la Correspondance littéraire de Grimm), défendit les artistes (J. Vernet, Greuze, Hubert Robert, Chardin, … ) qui savent être "vrais "selon leur personnalité, mais inaugura aussi la critique enthousiaste en exaltant le "sublime et le génie " de Shakespeare ou d’Homère. L’œuvre narrative de Diderot est remarquable par sa verve. La Religieuse écrite en 1760 et publiée en 1796, roman par lettres où apparaît l’influence de Richardson, se veut un pamphlet contre la vie conventuelle. Le Neveu de Rameau (écrit entre 1760 et 1772 et publié en 1805 grâce à Goethe) et Jacques le Fataliste et son maître (écrit en 1773 et publié en 1796) sont des dialogues philosophiques étincelants de vivacité, éclairant, le premier la question de la morale naturelle, le second, celle de la liberté humaine, et posant, par leur facture même, les problèmes de la création littéraire. Dans son ensemble, et malgré l’analyse lucide du Paradoxe sur le comédien écrit entre 1773 et 1778, l’oeuvre de Diderot, comme sa Correspondance avec Sophie Volland, exalte la nature conçue comme une force "divine " et bonne, même et surtout dans ses manifestations frénétiques : " Diderot c’est le paradoxe " (Nisard).

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