Voltaire - Candide - Ce qu'ils virent dans le pays d'Eldorado

Voltaire, Candide, chapitre XVIII : Ce qu'ils virent dans le pays d'Eldorado

Qu'est ce que l'Eldorado ? : El Dorado (« le doré »), aux Amériques, nom donné au XVIe siècle par les conquistadores espagnols au chef légendaire d'une tribu d'Indiens, qui aurait vécu dans le nord de l'Amérique amérindienne. Dans la mythologie, le cacique est un personnage richissime dont le corps est couvert de poudre d'or lors des fêtes célébrées chaque année. Par la suite, Eldorado désigna le royaume de ce cacique qui, selon la tradition, regorgeait d'or et de pierres précieuses: cette fabuleuse contrée fut parfois appelée Manoa ou Omoa dans la légende. Les conquérants, en quête de trésors, crurent en cette légende et partirent explorer le pays mais furent victimes, pour la plupart, de privations et de maladies. La plus célèbre expédition fut conduite par l'explorateur espagnol Francisco de Orellana qui, en 1540 et 1541, descendit le cours de l'Amazone jusqu'à l'Atlantique dans l'espoir vain de trouver la cité d'or. En 1541, l'aventurier allemand Philipp von Hutten partit de Coro, colonie allemande du bord de mer au Venezuela, et poussa son exploration jusqu'à la région d'Omaguas, située près de l'Amazone. En 1595, l'explorateur anglais sir Walter Raleigh partit également à sa recherche et, de retour en Angleterre, publia un récit romancé de son voyage, dans lequel il décrivit Manoa comme une île du lac Parima, en Guyane. Pendant plus de deux siècles, le lac figura sur toutes les cartes, avant qu'on découvre que son existence était purement imaginaire. Le terme Eldorado est également employé aujourd'hui pour désigner un lieu fictif aux ressources inépuisables où chacun peut s'enrichir à sa guise. La littérature et en particulier la poésie ont fréquemment fait référence à cette légende.

Résumé :

Tous les hommes, à leur naissance, acquièrent un goût plutôt ardent pour la supériorité, l'argent et le bonheur, mais aussi pour la paresse.
Par conséquent, il est alors impossible que l'égalité entre les hommes existe et qu'il n'y ait pas de jalousie.
La société ne peut pas subvenir à ses besoins si tous les hommes sont égaux. Normalement, l'égalité est naturelle mais utopique.
Le problème est que les hommes ont dépassé la limite où l'inégalité était acceptable.
Tous les hommes ont raison de penser qu'ils sont égaux aux autres. Mais un employé ne doit pas commander un employeur.
A l'égard d'un homme qui exerce une profession libérale, les monsignors qui n'ont pas plus de connaissances que lui le reçoive partout avec un air de protection et de mépris. Donc il doit prendre le parti de s'en aller.

Commentaire composé :

Introduction :

Au 18e siècle, la société est fondée sur des inégalités de naissance. Il y a une distinction de classes sociales. Voltaire affirme que tout homme a le droit de se croire entièrement égal aux autres hommes, mais il ne remet pas en cause l'existence d'inégalités qui permettent à la société de fonctionner. Le genre humain a besoin d'inégalités pour vivre. On étudiera le chapitre 18 de Candide en trois parties : Les marques du paradis, les valeurs dominantes pour Voltaire et sa distance par rapport au récit.

I - Les marques du paradis :

Les "moutons volants" connotent tout d'abord la liberté face à la gravité terrestre et d'autre part une vitesse énorme.
Voltaire utilise de nombreuses hyperboles pour montrer la beauté et le raffinement de la ville :

  • des hyperboles chiffrées : "portail [...]de deux cent vingt pieds de haut et de cent de large" (soit environ 70 mètres par 30), "deux files chacune de mille musiciens", "édifices publics élevés jusqu'aux nues" ( = qui s'élèvent jusqu'au ciel), aussi hauts que ceux de Babylone, voir La Princesse de Babylone du même auteur, "galerie de deux mille pas" (environ 1500 mètres) "toute pleine d'instruments de mathématique et de physique"
  • une énumération qui montre le raffinement de ce pays : " fontaines d'eau pure", "fontaines d'eau rose", "celles de liqueurs de canne de sucre".
  • On note aussi une touche de fantaisie apportée par Voltaire : "robes d'un tissu de de duvet de colibri".

II - Les valeurs dominantes pour Voltaire :

  • La vie est simple et harmonieuse : le Roi reçut des étrangers "avec toute la grâce imaginable et [...] les pria poliment à souper". Il n'y a donc pas d'inégalités sociales dans ce pays.
  • La monarchie est libérale et le rôle de la connaissance est important : il n'y a pas de prisons, de cour de justice et de parlement. La ville possède un "palais des sciences" gigantesque avec une partie dédiée aux mathématiques et à la physique impressionnante : "galerie de deux mille pas".
  • La société est soucieuse de l'esthétique : les bâtiments sont magnifiques : "marchés ornés de mille colonnes", "édifices publics élevés jusqu'aux nues".

III - Distance du narrateur par rapport au récit :

  • Voltaire remet en cause le protocole expérimental en utilisant des exagérations et des hyperboles.
  • Pour Voltaire, le bonheur n'est pas là : ce monde est trop paradisaque pour être vrai.

Conclusion :

Le pays d'Eldorado n'est pas le pays où règne le bonheur selon Voltaire. Dans un de ses poèmes Le Mondain, il écrit qu'il n'est pas non plus dans des pays sauvages mais qu'il est là où l'on est. Il rejette le mythe du bon sauvage de Rousseau.

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