Charon : fils d'Érèbe et de la nuit dans la mythologie grecque, il accueillait les esprits des morts et les accompagnait jusqu'au royaume d'Hadès en leur faisant traverser, moyennant une obole, le Styx et l'Achéron. Il n'acceptait dans sa barque que les esprits de ceux qui avaient reçu une sépulture : les autres étaient condamnés à attendre cent ans au bord du Styx.
Enfers : c'est le monde des morts, aussi bien les bons que les méchants.
Antisthène (v. 444 av. J.-C.-v. 371 av. J.-C.) : philosophe
grec, fondateur de l'école de philosophie connue sous le nom de cynisme.
Après avoir suivi les leçons du sophiste Gorgias, qui influencera
sa dialectique (négation de la possibilité de conceptualisation,
rejet de l'idée de connaissance scientifique), il devient disciple
de Socrate, dont il retient le principe moral : c'est dans la pratique de
la vertu que réside le bonheur de l'Homme. L'Homme libre est celui
qui a su vaincre ses passions.
Antisthène condamne le luxe et le confort de la civilisation, dont
il prône le détachement complet, et exalte les travaux pénibles,
de façon à parvenir à la véritable sagesse.
Son disciple le plus connu, Diogène, illustrera la figure du philosophe
cynique qui agit à sa guise puisqu'il est vertueux.
Personnages qui désignent des personnages de la pièce de
Molière, Dom Juan ou le Festin de pierre :
- le mendiant fait allusion à un personnage qu'on appelle le pauvre
et auquel Don Juan refuse de donner l'aumône parce qu'il l'a demandé
au nom de Dieu, Don Juan le fait blasphémer, renier sa foi en Dieu.
- Sganarelle : il représente toujours le valet de Don Juan
- Don Luis : père de Don Juan qui maudit son fils parce qu'il a une
vie qui ne lui plaît pas et il est moqué par son fils.
- Elvire : une des femmes de Don Juan qui a été arrachée
de son couvent, elle-même le voulant mais elle a été
abandonnée.
- le grand homme de pierre = statue du commandeur
Vocabulaire :
- rapière (presque familier) = une épée longue et effilée
(privilège des nobles)
- obole = don
- perfide = déloyal
Baudelaire : poète du 19e siècle (1821 - 1867)
Son uvre majeure sont Les Fleurs du Mal. Le texte que l'on
étudie fait parti de la partie "Spleen et idéal"
(spleen (anglais)= ennui, angoisse), cette partie constitue à la
fois une présentation de lui-même et une réflexion sur
l'homme.
Don Juan a un désir de plénitude. Le poème qui suit, intitulé L'Homme et la mer parle de l'homme libre et l'idée de l'infini y est présent, Don Juan a un désir infini de conquérir les curs, ce poème est ténébreux, Don Juan vit face avec la mort. Deux poèmes après : un poème intitulé La Beauté où la beauté est froide preque minéral inaccessible, un peu comme celui de Don Juan. Baudelaire, qui était un esthète (= personne qui pratique le culte exclusif de la beauté), un amateur de peinture, rédigeait des critiques esthétiques sur les tableaux. En écrivant ce poème, il s'est inspiré de tableaux représentant Don Juan et d'une litographie de Delacroix : le mythe est également exprimé à travers la peinture. Le poème que l'on va étudier est constitué de cinq quatrains en alexandrins.
On peut remarquer que Don Juan encadre le poème. Il est à part, on a l'impression qu'il n'a pas peur. Il est présenté avec son attribut de noblesse. Le mot "calme" et l'expression "ne daignait rien voir" mettent en évidence l'espèce de mépris à l'égard de tout ce qui s'est passé auparavant. C'est un "époux perfide", qui est déloyal. Ces connotations affectent la grandeur du personnage. On souligne le choix des verbes d'action qui montrent qu'il est actif : "eut donné", "descendit". La "rapière" rappelle la hauteur du personnage. Dans l'expression "regardait le sillage", on peut comprendre qu'il s'isole, qu'il est au fond de son destin. Cette mise à l'écart est soulignée par le "mais". Le premier titre qu'avait donné Baudelaire était L'impénitent, c'est à dire celui qui ne veut pas se repentir.
Les autres personnnages sont là comme des reproches vivants à Don Juan. Les personnages sont tous en situation de reprocher des faits à Don Juan. Ils sont présentés péjorativement, les femmes sont assimilées à des animaux : le verbe "se tordaient" fait penser à des serpents. On voit tout de suite que le shéma femmes blanches et Don Juan noir est cassé. Le terme "mugissements" fait penser à des bovins, celà nourrit cette dévalorisation des personnages. Le terme "troupeaux" est complété par le groupe nominal "victimes offertes", ce qui connote la passivité, la soumission et ceci est relayé par le verbe "traînait" au vers 8 qui fait penser à une espèce de lenteur pour avancer. Au vers 5, le fait d'être pratiquement nues souligne la situation de victime et leur enlève leur charme et leur dignité, celà va dans le sens de l'animalisation (le gérondif "montrant" peut signifier soit qu'elles ont une impudeur consentie, soit qu'elles sont violées). De plus, ce vers est mis en tête, ce qui a pour effet de mettre en valeur ce spectacle pitoyable. La soumission, l'impuissance des femmes est extrêmement souligné. Le verbe "se tordaient" peut également connoter que c'est pour l'éternité : figées, le terme "mugissements" pourrait désigner aussi la plainte de ces femmes, mais celà ne change rien au problème.
Don Luis a peur de son fils : "doigt tremblant". Il montre aux morts le comportement de son fils mais son discours est creux, vide, il n'a pas d'effets, il est donc en situation d'échec. Son fils est d'ailleurs qualifié par l'adjectif "audacieux". L'injure faite par son fils est marquée par le terme "railles" : c'est un vieillard qui n'a plus de prises sur son fils. On peut faire le parallèle avec Elvire : "doigt tremblant" (Don Luis) // "frissonnant" (Elvire). Les adjectifs "chaste" et "maigre" évoquent une certaine fragilité, petitesse, elle attend quelquechose de Don Juan comme si elle n'avait pas compris et qu'elle en serait encore amoureuse, comme si elle mendiait quelque chose de quelqu'un qui l'a fait souffrir. Elvire semble toujours l'aimer, être encore sous son charme : elle "semblait lui réclamer un suprême sourire" alors que Don Juan considère que c'est terminé entre eux : "perfide", Elvire possède donc de la naïveté. Le grand homme de pierre est rigoureux : "tout droit", "armure", "coupait le flot noir" (le destin est comme un couperet), il représente le destin inflexible. Chez Molière, Sganarelle semble sincèrement malheureux, il avait un lien avec Don Juan, il ne se serait pas permis de rire de lui, et ici, au contraire, le gérondif "en riant" souligne davantage ce désir d'argent de Sganarelle, lui qui avait si peur de Don Juan a une espèce de rire qui méprise celui qui est mort, il s'en moque, il a quelquechose d'un petit peu lâche.
Ce tableau est ambigu : il nous rappelle la perfidie, l'insolence, le sadisme à l'égard de cette femme mais il garde une dimension mythique et reste un héros. Les victimes sont peut-être trop humaines alors que Don Juan rejoint la catégorie de la statue de pierre. Don Juan rentre dans un éternel temps infini, il reste au dessus des autres hommes. Il est capable d'affronter son destin. Il campe dans une attitude de celui qui refuse de se repentir devant Dieu. Les deux derniers vers sont comme la matérialisation de ce défi. Au-delà de la mort, Don Juan continue d'avancer.
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