Tout d'abord, un peu de vocabulaire :
Avant ce deuxième texte, Créon voit arriver Ismène qui se fait ensuite engueuler, Ismène revendique sa culpabilité mais Antigone la rejette. Antigone va aller vers son destin. Ici, on n'a pas de longue confrontation entre Antigone et Créon et on a beaucoup plus l'impression que Créon a soif de pouvoir.
Ensuite le chœur commente leur dialogue puis un long entretien entre Créon et Hémon qui finiront leur dialogue par un échange violent sous forme de stichomythies. On a ici une espèce de violence de Créon qui très très forte. Le coryphée va intervenir sous forme de commentaires et va réussir à faire en sorte qu'Ismène soit graciée.
Après nous avons un long monologue du chœur puis d'Antigone avec Créon qui précède le texte que nous allons étudier.
Ici, Antigone est habitée par un sentiment d'injustice, c'est pourquoi elle ne comprend pas pourquoi elle meure : "Quel droit divin pourtant ai-je offensé ? ...". Dans la pièce d'Anouilh, on parle pas de l'après mort, chez Antigone c'est absurde, mais, ici, on a une perspective d'accueil d'Antigone pour après sa mort : "Tout au moins, en partant, gardé-je l'espérance d'arriver là-bas chérie de mon père, chérie de toi, mère, chérie de toi aussi, frère bien-aimé...", elle aura probablement des retrouvailles familiales.
Les lois religieuses, elle doit les respecter pour qu'elle soit respectée par sa famille. Antigone a un sentiment d'injustice parce qu'elle n'aura pas ces libations funéraires. Ce sentiment apparaît nettement par l'insistance sur le fait que c'est son frère et qu'il est irremplaçable contrairement à un mari comme un mari n'a pas de sang familiale, et la loi religieuse se confond avec la loi familiale. Et il apparaît chez Antigone à cause du sentiment d'être condamnée à mort dans son jeune âge et du regret qui naît de ne pas avoir connu ce chant d'hyménée.
Antigone insiste sur sa solitude : "privée de pleurs de deuil, sans amis, sans mari", "abandonnée des miens". Mais cette solitude n'est que terrestre. Le texte insiste sur le père, la mère et le frère bien-aimé d'Antigone, de sang royal, qu'elle oppose à un mari, et qui sont dans l'ordre du mythe et c'est pour cela qu'elle les différencie des autres personnages. Elle se console parce qu'elle va les retrouver : "je m'en vais vers les miens."
Le fait qu'elle ait un destin particulier souligne cette mise à part des autres hommes. Elle devient le symbole de la Justice dressée face à la tyrannie. Elle est le défenseur des lois divines face aux lois de Créon. Pour elle, Créon n'existe plus, elle en parle à la troisième personne, alors qu'elle désigne à la seconde personne sa famille : "Paré vos corps"
Créon désigne toujours Antigone à la troisième personne. Les impératifs soulignent cette violence de Créon : "laissez-là, seule, à l'abandon", Créon est vraiment horrible. Créon est entier dans son aveuglement et sa tyrannie, il n'est pas sensible à ce qu'est Antigone. C'est une sentence sans appel. Il est persuadé de ce qu'il a à faire : "sans souillures"
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