La Peste, prix des critiques 1947, est une représentation de la guerre, de l’occupation, du nazisme, mais aussi de toutes les formes d’oppression et de mal, le roman, il est vrai, a une visée éthique ; mais on ne saurait l’y réduire. Rieux, combattant opiniâtre et sans illusion, « historien des cœurs déchirés », Tarrou et son désir désespéré de ne pas propager le mal, Paneloux et son appel à une foi inconditionnelle, Rambert et son goût du bonheur, Grand, le véritable « héros », dans son innocence et son honnêteté totale, Cottard, qui pactise avec la peste, tous ces personnages, inscrits dans l’épaisseur du temps, la réalité de l’espace et des situations concrètes, dessinent une fresque des attitudes humaines face à la souffrance de la séparation, à la maladie, à la mort ; pour exalter la fraternité du combat collectif, pour montrer que « l’homme n’est pas une idée », et qu’il y a en lui « plus de choses à admirer » qu’à « mépriser », pour protester contre la violence qui lui est faite, Camus use de tous les pouvoirs de la création romanesque. Si cette « chronique » n’est pas « celle de la victoire définitive », c’est tout autant comme œuvre d’art que par son prédicat moral qu’elle témoigne de la révolte de l’homme et de sa lutte contre la terreur.
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